J’étais un peu éloignée des bruits du monde, quand l’écho d’orages, de blessures, de tendresses m’ont donné l’impression de rencontrer la petite fille dont je parle dans le livre.
Elle arrivait je ne sais d’où (je l’ai baptisée Mélodie), elle était là, sur une page blanche.
Elle était triste, des questions affleuraient à la surface de ses silences…
J’ai vu un oiseau se poser près d’elle.
J’entendais parler de cages, d’orages, d’altitude, de jardins…
De questions en questions, les mots se sont ajoutés aux mots, les pages se sont ajoutées aux pages.
Je me sentais bien dans ce petit voyage intérieur à l’écoute de Mélodie.
Je n’écrivais pas dans un but de publication à ce moment-là.
Je pensais à mes enfants. Mon père est mort brusquement dans un accident de voiture quand j’étais jeune, alors je pensais “si cela m’arrivait”.
Mélodie et l’oiseau seraient plus tard un compagnon de route, je me disais que la vie tient à un fil.
J’ai baladé mon petit carnet (même format que le livre) dans mon sac pendant deux ans.
Le jour où j’ai trouvé les mots pour expliquer comment il est possible qu’un oiseau parle, j’ai su que j’allais ranger le texte.
Je n’ai gardé que l’essentiel, peu de pages, peu de mots, de l’espace entre eux.
De la respiration.
Des années ont passé. Ce texte est resté au calme d’un tiroir. Les enfants ont grandi, j’étais toujours bien vivante !
Aurélia, une de mes filles, m’avait dit : “Quand je serai grande je dessinerai ton livre”.
Après ses étude à St-Luc, elle s’est installée à Paris dans la création graphique.
Un jour, au jardin des Tuileries, où nous avions rendez-vous, elle a déposé un petit colis sur la table en disant : “Voici ton cadeau d’anniversaire”…
C’était le manuscrit illustré.
Un moment de bonheur suspendu. Je découvre ce qui deviendra le livre.
Dans les traits de la petite fille, je “reconnais” Mélodie et son univers tout en douceur…
C’était “un jour de printemps, au cœur de la tendresse qui entoure les éclosions”,
et ce fut le début d’un “voyage” au pays de rencontres entre Mélodie et des milliers de lecteurs.
Une aventure humaine incroyable commençait.
Des milliers d’exemplaires ont rapidement pris leur envol sur des chemins inattendus
(séminaire de psychologues, coaching, soins palliatifs, ateliers d’écriture, projets pédagogiques, diverses mises en scène théâtrales…)
où je rencontrais, de l’intérieur, des univers nouveaux, très divers et beaucoup de très belles personnes.
C’est un parcours atypique, loin des références et des milieux littéraires classique.
Mais les rééditions n’ont jamais cessé depuis.
Tout ce parcours, c’est grâce à vous, amis lecteurs, grâce à votre envie de toujours offrir ce livre, et de le faire découvrir…
C’est aussi grâce à vous amis libraires qui, loin des modes, prennent encore cette petite fille par la main, la conduisez à vos lecteurs à travers et malgré un monde envahi de publications multiples.
Je remercie les uns et les autres avec reconnaissance et gratitude d’avoir été et d’être encore les messagers de ce livre et la source de témoignages qui me touchent infiniment.
Merci aussi, à chacun(e) qui prenez le temps de m’écrire de façon si émouvante, si bouleversante.
Merci de me “faire cadeau de vos paysages” avec tant d’émotion, de sincérité et de gratitude.
Merci bien sûr aussi à Patrick sans qui ce site n’existerait pas.
Il donne à Mélodie une fenêtre ouverte aux liens qui se créent, aux rencontres qui se passent et aux chemins qui peuvent y conduire.
Savoir que Mélodie dépose un peu de soleil dans les hivers du cœur,
savoir qu’elle revalide les ailes et allume parfois des soleils sur des chemins dévastés me confirme une fois de plus que “Dans chaque souffrance il y a un bout de chemin qui va vers un printemps”.
Brigitte JACQUES